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Des chercheurs de l'Université découvrent une nouvelle méthode pour diagnostiquer le cancer

Le professeur Sherif Abou Elela, du Département de microbiologie et d'infectiologie, a mené une étude qui ouvre la voie à une meilleure évaluation des traitements du cancer de l'ovaire.
Le professeur Sherif Abou Elela, du Département de microbiologie et d'infectiologie, a mené une étude qui ouvre la voie à une meilleure évaluation des traitements du cancer de l'ovaire.
Photo : Robert Dumont

7 février 2008

Johanne Leroux et Caroline Dubois

Une équipe de chercheurs de la Faculté de médecine et des sciences de la santé a découvert de nouveaux marqueurs moléculaires qui permettent de diagnostiquer plus facilement le cancer de l'ovaire.

Publiée dans la revue scientifique Cancer Research, cette étude dirigée par le professeur Sherif Abou Elela, du Département de microbiologie et d'infectiologie, ouvre la voie à une meilleure évaluation des traitements du cancer de l'ovaire et à une application de cette méthode diagnostique à d'autres cancers.

Il s'agit de la 1re découverte émanant de la Plateforme de RNomique Génome Québec et Université de Sherbrooke, inaugurée le 3 novembre 2006 au Laboratoire de génomique fonctionnelle de l'UdeS. L'équipe de recherche entrevoit de multiples autres applications à ses travaux. «Nous savions que la Plateforme de RNomique allait donner des résultats qui allaient faire avancer la science, explique le professeur Abou Elela. Maintenant, nous en avons la preuve tangible.»

Une signature associée au cancer de l'ovaire

Les cancers affectant les ovaires sont souvent découverts tardivement, puisqu'il n'existe pas de test de dépistage et que les symptômes sont semblables à d'autres maux. Bien que l'on connaisse des traitements thérapeutiques à ces cancers, les chances de réussite de ces traitements sont beaucoup plus élevées si le diagnostic et la prise en charge de la maladie surviennent rapidement.

Actuellement, les pathologistes établissent le diagnostic d'un cancer de l'ovaire en évaluant les tissus prélevés par observation. Grâce aux nouveaux marqueurs moléculaires, il est désormais possible de déterminer de façon plus précise si le tissu prélevé de l'ovaire est composé de cellules cancéreuses ou normales. La Plateforme de RNomique Génome Québec et Université de Sherbrooke, qui est robotisée, permet aux chercheurs d'étudier à haut débit l'expression des différentes formes spécifiques des gènes (appelées variants d'épissage, qui sont des ARN). Les recherches de l'équipe sherbrookoise ont permis d'identifier de nombreux gènes dont les différentes formes pourraient être impliquées dans la transformation d'un tissu normal en tissu cancéreux. Sur les 600 gènes étudiés, l'équipe du professeur Abou Elela a découvert une cinquantaine de gènes qui forment une signature associée au cancer de l'ovaire. La plupart des gènes sont «épissés», c'est-à-dire qu'ils sont exprimés sous différentes formes, ce qui permet d'obtenir une grande diversité de protéines qui sont nécessaires au fonctionnement des êtres vivants. Chaque gène peut être épissé quatre ou cinq fois, donc produire quatre ou cinq protéines différentes. La cinquantaine de signatures du cancer de l'ovaire a été découverte en étudiant l'épissage de certains gènes.

«Ces découvertes ne sont qu'un début par rapport à ce que pourront amener nos recherches, indique le professeur Abou Elela. La prochaine étape consistera à appliquer cette découverte à la performance des traitements des cancers. Ainsi, les traitements pourront être beaucoup plus ciblés.»

«Les recherches faites à notre faculté permettent de faire avancer la lutte contre le cancer, ajoute le doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, Réjean Hébert. Il est important pour nous que les gens réalisent que l'argent investi par le gouvernement et les dons reçus servent à faire des découvertes importantes et concrètes, comme celle publiée aujourd'hui.»

Créé en 2003, le Laboratoire de génomique fonctionnelle s'intéresse à l'analyse d'un ensemble de gènes liés au cancer. Les projets de recherche, sous la direction scientifique de Sherif Abou Elela, mèneront à la production d'une série de marqueurs associés au cancer, ce qui permettra de développer des outils diagnostiques.